La révolution des neurosciences en minceur

Dans

🧠 Comprendre le rôle central du système nerveux autonome

En 1995, Stephen Porges a révolutionné la compréhension du fonctionnement du corps humain dans un article publié dans la revue “Psychophysiology”,N°32 de 1995 de l’Université de Cambridge.

Il y détaille comment la sensation de sécurité ou d’insécurité impacte l’ensemble du corps au travers du système nerveux autonome et les répercussions que cela a sur des domaines aussi divers que la santé, la croissance ou la restauration.

Ainsi, une sensation inconsciente conditionne le fonctionnement du système nerveux autonome qui régule certains processus physiologiques, comme la tension artérielle et le rythme de respiration de façon autonome, sans effort conscient de la personne.

Et oui, un certain nombre de paramètres physiologiques sont régulés par une sensation dont on n’est pas toujours conscients…

Cet article a révolutionné le monde de la psychologie mais devrait aussi révolutionner toutes les professions touchant au bien-être, y compris le monde de l’esthétique. En effet, en travaillant sur ce sujet, j’y ai trouvé toutes les clés qui me manquaient pour expliquer le mode optimal pour faire des cures. Et les retombées de cet article me donnent les éléments pour étayer mon combat contre une manière de pratiquer la minceur qui est un non-sens : la minceur sans respect du corps de la cliente.

🌿 Une autre voie est possible : la minceur respectueuse

En 2004, ayant vécu une grossesse où j’avais pris 25 kilos, je ne me reconnaissais plus et je vivais une vraie souffrance en me regardant dans le miroir. Je me suis donc spécialisée en minceur pour apporter une réponse efficace à toutes les femmes qui viendraient me voir et qui n’aimeraient plus leur corps. J’étais en « trop » grande empathie avec elles, je les comprenais du plus profond de mon être.

J’ai donc investi dans des appareils et fais les formations des marques avec lesquelles je travaillais. Ce qui est ressorti le plus souvent de ces formations, c’est qu’il fallait aller vite et aller fort. Il suffisait de vendre 10 séances d’un appareil pour “répondre” à n’importe quelle demande de n’importe quelle cliente. C’est ce que j’appelle maintenant la minceur standardisée. Faux, archi-faux : il ne faut pas aller vite et fort et il ne suffit pas de vendre 10 séances à tout le monde !

🚨 Quand la technologie devient une agression

Vingt ans plus tard, malgré toutes les découvertes sur le corps apportées par les neurosciences, cette façon de voir et de pratiquer est encore enseignée aujourd’hui. L’an dernier, je suis allée former un centre d’esthétique qui avait un appareil multi-fonctions… Selon les instructions de leur fournisseur (je n’ose pas parler de formation), il fallait faire 15 minutes de radio-fréquence sur la zone traitée jusqu’à voir la cliente se trémousser sous l’effet de la chaleur pour être sûre d’avoir un choc thermique avec la technologie suivante, enchaîner avec une heure de cryolipolyse à ventouse et finir par 15 minutes de cavitation pour tout détruire ! Malheureusement le dernier terme est le bon : tout détruire et traumatiser !

Comme cela, la cliente ne revenait qu’une fois par mois (enfin quand elle revenait) et qu’il y aurait peu de séances ! Non seulement c’est un non-sens pour le rythme biologique du corps et en plus cela traumatise les tissus ! (Sans parler du confort et du bien-être de la cliente …) Il n’est pas étonnant que ce centre se plaignait de ne pas avoir de résultats pérennes sur ses clientes. Et faire ce genre de traitement, je l’ai entendu régulièrement au cours de ces dernières années…

💡 La sensation de sécurité : levier invisible de résultats

En quoi la théorie de Stephen Porges sur le système nerveux autonome a son importance et change tout dans l’approche de la minceur ?

Le système nerveux autonome est constitué de deux parties, la partie sympathique qui est responsable des réponses de type « combat-fuite »
et la partie parasympathique qui est responsable des réponses «repos et digestion».

Là où cela devient passionnant pour nous esthéticiennes, c’est que notre système parasympathique a deux façons de réagir et d’inhiber les réactions corporelles. La première va être d’arrêter complètement tout le fonctionnement du corps suite à un stress et la seconde de réguler le corps de manière optimale dans son homéostasie. Dans le second état, il va maintenir un état physiologique soutenant la santé, la croissance et la restauration. Il va optimiser la capacité à se reposer, se détendre, dormir, digérer et exécuter les différentes fonctions corporelles.

Et cela change tout pour nous les esthéticiennes faisant de la minceur.

Quand nous accompagnons une cliente à mincir, nous mobilisons ses tissus, nous la faisons déstocker, nous effectuons des actions de drainage et circulatoire afin que le corps de la cliente élimine de manière naturelle les toxines et les acides gras afin qu’on puisse atteindre le résultat “d’une à deux tailles de vêtements perdus à poids constant” que je vous apprends dans mes formations.

J’insiste, et quoi qu’en disent certains formateurs du marché, nous n’avons pas besoin de faire perdre du poids à une cliente pour avoir des résultats dans nos soins minceur. Bien évidemment, si la cliente est en surpoids et souhaite perdre des kilos, nous aurons encore plus de résultats. Mais je le répète car c’est important, nos clientes n’ont pas besoin de perdre du poids pour que nous, esthéticiennes, ayons du résultat sur la perte de centimètre, le lissage de la cellulite et le raffermissement de la peau.

En tout cas, c’est ce que mes stagiaires apprennent et mettent en pratique.

Et ce que la théorie de Stephen Porges nous apprend, c’est que pour optimiser les fonctions de digestion et d’élimination des acides gras et des toxines, il faut que le corps soit détendu.

En pratique, c’est la partie du nerf vague myélinisé du système parasympathique qui est responsable de la bonne exécution des fonctions corporelles qui nous intéressent dans la minceur.

Donc si vous pratiquez une séance pour atteindre la diminution du tissu adipeux de votre cliente en traumatisant son corps, au mieux il se passera peu de choses, au pire le corps réagira contre vos techniques et le résultat sera pire qu’avant.

C’est pour cela que bien souvent, je vois des esthéticiennes sur les réseaux, qui se plaignent de ne pas avoir de résultats. Quand on creuse, elles ont vendu trop peu de rendez-vous dans leurs cures au vu des demandes de la cliente, elles pratiquent trop fort et trop vite leurs appareils et n’écoutent pas la souffrance du corps qui est sur leur table.

Pour qu’il y ait un résultat optimal, il faut donc apporter cette sensation de sécurité dont le corps a besoin pour fonctionner optimalement, comprendre la neuroscience de la sécurité et accompagner la cliente de manière personnalisée.

🤲 Vers une minceur sur-mesure, profondément humaine

Et pour obtenir cet état, l’esthéticienne va devoir créer une relation de confiance afin de stimuler la partie « repos » du système nerveux autonome de sa cliente. Au cours du rendez-vous minceur, mais aussi en amont et en aval des techniques. Cela débute par un accueil personnalisé de la cliente afin de lui permettre de se projeter dans cet état de sécurité.

Ensuite la ou les séances des diverses techniques minceur, où l’esthéticienne sera en écoute active de ce que dit le corps. Se tend-il ? La cliente grimace-t-elle ? Sert-elle les poings ? Stephen Porges a prouvé que le système d’engagement social relie les muscles du visage et de la tête avec la régulation vagale du cœur. Il est relié aux principaux nerfs crâniens qui agissent sur les fonctions des 5 sens. Donc l’esthéticienne peut très facilement voir si elle perd cet engagement avec sa cliente rien qu’en regardant correctement le visage de sa cliente.

Quand l’esthéticienne pratique trop fort et trop vite, cela stimule les récepteurs au niveau du système nerveux cutané. Les fibres nerveuses de celui-ci vont réagir à cette stimulation trop violente. On sait très bien que ces nerfs cutanés vont répondre à ces stimuli en produisant des neuromédiateurs qui vont impacter le reste du corps.

Il va donc y avoir une réaction en chaîne qui va mettre le corps de la cliente en insécurité ce qui va avoir pour conséquence de bloquer tout le reste du système. De manière totalement involontaire, l’esthéticienne va agir sur le nerf vague de sa cliente et va déclencher une réaction physiologique qui va contrecarrer les résultats qu’elle souhaite obtenir pour sa cliente.

Cela va bloquer tout le système digestif et l’homéostasie ne sera plus présente car le corps de la cliente indique au cerveau qu’il n’est plus en sécurité. On parle d’influences bidirectionnelles entre les organes viscéraux et le cerveau. Son corps ferme les fonctions digestives et éliminatrices pour se concentrer sur “la menace” qu’est devenue le rendez-vous minceur.

Il est donc nécessaire de se former à cette partie de la neurobiologie pour pouvoir faire des soins minceur de qualité (et personnellement, je pense que cela change tout accompagnement esthétique en amenant une profondeur d’échanges et de la relation avec les clientes, pas qu’en minceur). Grâce à ces connaissances, l’accompagnement minceur est révolutionné. C’est ce que la formation EMP apprend aux professionnelles de la minceur.

Dans l’étape du bilan déjà, l’esthéticienne va pouvoir poser son diagnostic. Lors du bilan théorique et palpatoire, elle saura si sa cliente est déjà dans une logique d’insécurité ou non. Et cela va changer l’accompagnement minceur car une cliente qui est déjà dans un état d’insécurité ne se prend pas en charge de la même manière que si elle se sentait en sécurité.

Son corps ne va pas réagir aux mêmes soins, ni à la même intensité. Elle ne proposera donc pas la même cure pour tout le monde, ni le même nombre de rendez-vous.

Ensuite dans les rendez-vous, suivant les technologies que l’esthéticienne aura choisi, en fonction de l’état de la cliente, on ne fera pas la même intensité, ni les mêmes pratiques.

Plus vous sur-sollicitez un corps qui se sent déjà en insécurité, plus vous allez le bloquer. Moins l’homéostasie du corps fonctionnera. Des dysfonctionnements de digestion, d’élimination apparaîtront. Les esthéticiennes souffrent d’un manque de résultat dans leur cure certaines fois et le corps de leurs clientes souffrent d’un manque de considération de leur système nerveux autonome !

Prenons conscience que la minceur, au vu de ce que les neurosciences nous apprennent, ne peut plus être pratiquée comme avant. La minceur standardisée est obsolète et ne prend pas du tout en charge tous ces états qui sont amplifiés par la société anxiogène qui nous entoure.

Tant que les esthéticiennes ne prendront pas en compte l’état émotionnel de leurs clientes, elles continueront à ne pas avoir les résultats optimaux qu’elles souhaitent. Apprendre à coupler les appareils dans le bon sens et à avoir un engagement social avec leurs clientes est une nécessité pour révolutionner la pratique de la minceur.