Le rôle des esthéticiennes face aux sirènes de la presse : la cryolipolyse
Retour en arrière : 2016. À l’époque, je n’étais pas encore formatrice. J’étais une esthéticienne passionnée, toujours à l’affût des dernières innovations en matière de minceur. Mon centre d’esthétique était spécialisé dans ce domaine, et j’avais un véritable désir d’aider mes clientes à se sentir mieux dans leur corps et dans leur tête. Chaque fois qu’une nouvelle technologie minceur apparaissait, j’étais là, curieuse, prête à la découvrir pour offrir le meilleur à mes clientes.
C’est alors que la cryolipolyse a fait son entrée sur le marché, et comme à chaque fois qu’une technique est plébiscitée par les médias, mes clientes ne parlaient plus que de ça. Vous savez comment ça fonctionne : la presse, les articles dithyrambiques, les publicités dans les magazines. Très vite, cette technologie est devenue « LA » solution miracle pour perdre du gras sans effort. Même Wikipédia lui avait dédié un article ! Et bien sûr, les clientes n’avaient qu’une question : « Quand est-ce que vous proposerez la cryolipolyse dans votre centre ? »
La responsabilité de l’esthéticienne
Mais est-ce vraiment notre rôle d’introduire des techniques juste parce qu’elles sont à la mode ? Je me souviens de mes réflexions à l’époque : Devons-nous suivre aveuglément les tendances et les attentes de nos clientes ? Nous avons une responsabilité envers elles. Ce n’est pas parce qu’une technologie est tendance qu’elle est sécurisée ou adaptée à tout le monde. Nous devons tester, expérimenter, et surtout, nous renseigner.
En 2016, un rapport d’évaluation technologique publié par la Haute Autorité de Santé (HAS) était sorti, soulevant la question des dangers de la cryolipolyse. Cette technique, qui repose sur l’utilisation du froid pour détruire les cellules graisseuses, semblait pourtant anodine. Mais les experts avaient relevé des complications graves : brûlures, hernies, hyperplasie paradoxale… Ce n’était pas sans risques, et cela, peu de personnes le savaient à l’époque.
Expérimentation : une leçon apprise
Comme toujours, je voulais en savoir plus avant de me lancer. Un de mes fournisseurs de l’époque m’a proposé une journée de découverte pour essayer la cryolipolyse moi-même. C’était une occasion d’approfondir mes connaissances et de savoir exactement ce que mes clientes allaient ressentir. C’est bien ce que nous devons faire en tant que professionnelles : tester chaque technique pour comprendre ses effets avant de la proposer.
Pendant la démonstration, je me souviens avoir ressenti un mélange de curiosité et d’appréhension. Lorsque mon tour est venu, le formateur m’a installée sur la machine. J’ai ressenti immédiatement l’aspiration froide des ventouses sur mon ventre. Après quelques minutes, tout bascula : je devins pâle, un malaise soudain s’empara de moi. Ils ont dû arrêter la séance. En seulement cinq minutes, mon ventre était marqué de rouge, et le lendemain, des brûlures de premier degré étaient visibles.
Ce fut un choc. Moi qui avais toujours testé toutes les nouvelles techniques avant de les adopter, je réalisais que cette fois-ci, il y avait un vrai danger. Et je me suis posée cette question : Si cela arrive à une cliente dans mon institut, que faire ?
Informer et protéger
Je me souviens avoir dû justifier ma décision de ne pas intégrer la cryolipolyse dans mon centre. Mes clientes étaient déçues, voire perplexes. Il a fallu que je prenne le temps de leur expliquer que cette technologie n’était pas sécurisée pour moi, et qu’elle ne le serait pas non plus pour elles.
À cette époque, j’ai dû développer une communication claire et transparente, car il est essentiel d’éduquer nos clientes sur les risques. Ce n’est pas parce qu’une technique est populaire qu’elle est sans danger. C’est notre rôle de professionnelles de leur fournir des informations fiables, basées sur nos expériences et nos recherches.
Conclusion du rapport de la HAS
Quelques mois après mon expérience, la HAS rendait son rapport définitif : la cryolipolyse présentait bel et bien des risques pour la santé. Les complications sévères, telles que des brûlures, des hernies, et l’hyperplasie paradoxale, étaient recensées. Et le manque de formation des professionnels utilisant cette technologie ne faisait qu’accentuer les dangers.
Pour moi, ce rapport validait mon choix de ne pas introduire cette technique dans mon centre. J’avais suivi mon instinct, et aujourd’hui, en tant que formatrice, je transmets cette leçon à mes stagiaires. Nous ne devons pas céder aux sirènes de la presse ou des tendances sans évaluer minutieusement les risques.
L’Importance de l’expérimentation
Avec le recul, cette expérience m’a beaucoup appris. En tant qu’esthéticiennes, nous avons la responsabilité de protéger nos clientes. Et pour cela, il faut savoir dire non à une nouveauté si elle ne correspond pas à nos standards de sécurité et de qualité.
Aujourd’hui, je transmets ce message à toutes les professionnelles que je forme : l’expérimentation est cruciale. Ne vous laissez pas influencer par les tendances ou les exigences des clientes si cela ne correspond pas à vos valeurs et à votre expertise. Nos investissements, qu’il s’agisse d’appareils ou de techniques, doivent être mûrement réfléchis. Nous devons avoir la confiance nécessaire pour affirmer nos choix, basés sur l’expérience, et non sur les modes.
Écouter son instinct
Cette histoire date de 2016, mais elle reste pour moi un exemple marquant de l’importance de suivre son instinct et son expérience terrain. Aujourd’hui encore, il est crucial de remettre en question ce que l’on nous propose et de se baser sur notre propre ressenti. Nous sommes les mieux placées pour savoir ce qui est bon pour nos clientes, et cela, aucune tendance médiatique ne pourra jamais le remplacer.
Morale de l’histoire
Ne sous-estimez jamais votre capacité à faire les bons choix pour votre clientèle. Avoir confiance en soi, en ses jugements et en son expérience, c’est cela, être une véritable professionnelle.
Auteur/autrice
florence@physiobell.fr
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