Écoutez avant qu’il ne soit trop tard : ce que votre corps essaie désespérément de vous dire

Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase : 
« Je ne peux pas m’arrêter, j’ai trop de choses à faire. » 
Et à chaque fois, je ressens une alerte intérieure. Parce que je l’ai vécue. Parce que je l’ai payée cher. Et parce qu’aujourd’hui, en tant que mentore pour des femmes qui donnent tout sans jamais se poser, je sais ce qu’il y a derrière ces mots. 

Il y a quelques jours, une amie esthéticienne m’a rendue visite. Elle boitait du bras, littéralement. Mais quand je lui ai conseillé de s’arrêter, elle m’a regardée avec cette sincérité douloureuse : 
« Mais je ne peux pas. » 

Et tout s’est réveillé. 

2011. L’époque où j’étais la première à me maltraiter.

À cette époque, mon institut était florissant. Deux salariées, une apprentie, un carnet de rendez-vous plein à craquer. En apparence, tout allait bien. Mais dans les coulisses, c’était une autre histoire. J’avais une capacité de travail hors norme, que je prenais pour une bénédiction. En réalité, c’était un poison déguisé. 

Je travaillais 15 heures par jour. J’étais la première à arriver, la dernière à partir. Je mettais une pression immense sur moi-même : pas de place pour le relâchement, pas de grain de sable, pas de pause. Ce que je tolérais chez mes salariées, je ne me l’autorisais jamais. 

Mon corps a commencé à me parler. Tout doucement d’abord. Une douleur au bras. Un tiraillement dans l’épaule. Un message discret. 

Et comme beaucoup d’entre vous peut-être, je n’ai rien écouté. J’ai préféré les antidouleurs, le strapping, les techniques d’évitement. Je me suis coupée de ma souffrance pour rester performante. J’ai fui les signaux. J’ai ignoré mon corps. Jusqu’à ce qu’il crie. 

Le jour où mon bras a cessé d’obéir

Mai 2012. Trois jours de « pause » parce que je n’en pouvais plus. Je pensais revenir en forme le lundi. Mais ce lundi-là, mon bras ne s’est pas levé. Même pas de cinq centimètres. Mon corps m’avait fait tomber du vélo lancé à pleine vitesse. Il avait décidé, pour moi, qu’il était temps d’arrêter. 

Verdict : huit mois d’arrêt. Deux infiltrations. Des séances de kiné, d’ostéo, de magnétisme. Une entreprise sauvée de justesse grâce à une assurance homme-clé. Un chiffre d’affaires divisé par deux. 

Et une prise de conscience radicale : ce n’est pas parce qu’on est forte qu’on doit se sacrifier. 

Pourquoi je vous raconte ça aujourd’hui ?

Parce que vous êtes nombreuses à reproduire ce schéma. À penser que ce n’est pas si grave. Que ce n’est « qu’un bras », « qu’un mal de dos », « qu’un petit coup de fatigue ». Que vos clientes ont besoin de vous. Et que vous n’avez pas le luxe de vous reposer. 

Mais à quel prix ? 

Vous aussi, vous méritez qu’on prenne soin de vous. Et ce soin-là, il ne peut venir que de vous-même. 

Michel Odoul le dit si bien : la « mal-a-dit ». Le corps parle, il crie même, parfois. Et ce cri, c’est souvent le reflet d’une incohérence profonde entre ce que nous vivons… et ce que nous sommes appelées à vivre. 

Quand j’accompagne aujourd’hui des professionnelles du bien-être, je les invite à un changement de posture radical. Parce qu’on ne peut pas bâtir un projet pérenne sur un corps nié, sur une énergie sacrifiée, sur une identité étouffée. 

Écouter son corps, c’est un acte de leadership

Ce n’est pas une faiblesse, c’est une force. Celle de se remettre au centre. D’apprendre à dire non. De poser des limites. De ralentir pour mieux repartir. 

Le paradoxe, c’est que plus vous vous reposez, plus vous êtes inspirante. Plus vous prenez soin de vous, plus votre énergie est magnétique. Mon amie l’a compris ce week-end : à mesure qu’elle lâchait prise, sa douleur s’estompe. Et dès qu’elle a repris le contrôle… la douleur est revenue. Plus forte. 

Le corps ne ment jamais. 

Quelques clés que je transmets aujourd’hui à mes élèves et clientes :

  • Ne vous imposez rien que vous n’accepteriez d’une autre. 
  • Programmez vos zones de repos dans votre emploi du temps avec autant d’importance qu’un soin ou un rendez-vous. 
  • N’attendez pas d’être à bout pour poser des questions. Prenez un jour, deux, trois s’il le faut. Mieux vaut prévenir une chute que panser une fracture. 
  • Apprenez à décoder les signaux faibles : troubles du sommeil, fatigue mentale, douleurs chroniques. 
  • Et surtout, créez un environnement dans lequel vous êtes respectée, même par vous-même. 

Vous avez le droit de vous arrêter. Le droit de dire « stop ». Le droit de réinventer votre manière de travailler. C’est même un devoir si vous souhaitez durer, rayonner et transformer. 

Et si vous avez besoin de preuves que c’est possible, je suis là. Mon corps m’a freinée. Il m’a arrêtée. Mais il m’a surtout offert une nouvelle voie : celle de l’écoute, de l’alignement et d’une réussite qui ne me coûte plus la santé. 

Avec toute ma bienveillance de mentore qui a déjà connu la chute… et qui s’est relevée plus forte. 

Auteur/autrice

florence@physiobell.fr

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