Ce week-end, j’ai eu le plaisir de revoir une amie esthéticienne. Ce moment de retrouvailles a cependant été perturbé par un détail : son bras la faisait terriblement souffrir. Lorsque je lui ai suggéré de s’arrêter et de se reposer, sa réponse a fusé : « Mais je ne peux pas ! ». Immédiatement, cette réponse m’a renvoyée quelques années en arrière, à une époque où, moi aussi, j’avais la tête dans le guidon, complètement obnubilée par les chiffres à réaliser, au point de ne plus écouter mon propre corps.

Une expérience vécue

Pour vous donner une meilleure idée de ce que j’ai vécu, revenons en arrière. Fin 2011, mon institut était en pleine expansion. J’avais deux salariées à plein temps, une apprentie, et nos quatre agendas étaient pleins à craquer. À ce moment-là, je croyais que tout devait tourner à plein régime pour couvrir les nombreuses charges de l’institut. Je travaillais donc à fond, souvent jusqu’à 15 heures par jour. Il n’y avait aucun moment pour lever le pied, ni pour m’accorder une pause.

Je voulais toujours plus pour mes clientes, toujours plus pour mes employées, mais où étais-je dans cette équation ? Je ne le réalisais pas à l’époque, mais en réalité, je n’étais nulle part. Mon modèle éducatif avait été : « marche ou crève », et je marchais sans m’arrêter, croyant que c’était la seule option pour réussir.

Vers la fin de cette année-là, j’ai commencé à ressentir des douleurs dans l’épaule et le bras, mon bras gauche, celui que j’utilise le plus. Plutôt que de ralentir, j’ai continué. Je ne pouvais tout simplement pas me permettre une baisse de chiffre d’affaires avec toutes les charges à payer. Mon unique solution était de prendre des antalgiques, d’abord une fois par jour, puis deux, puis trois, jusqu’à en prendre toutes les quatre heures. Tout cela pour continuer à travailler, malgré la douleur.

L'iImpossibilité de continuer

Les massages minceur que je faisais toute la journée, que ce soit manuellement ou avec des machines, ont fini par aggraver la situation. Les médicaments ne faisaient plus effet. Au lieu d’aller consulter un médecin, j’ai demandé à une amie kinésithérapeute de me strapper le bras tous les matins. Cela m’a permis de continuer à travailler, mais la douleur revenait toujours plus forte le soir, à tel point que je ne dormais plus que deux ou trois heures par nuit.

Le week-end du 8 mai 2012, j’ai finalement décidé de prendre trois jours de repos. Je me disais que cela ferait du bien à mon bras. Mais c’était déjà trop tard. Le lundi, mon bras a tout simplement refusé de se lever. Je ne pouvais même pas le bouger de cinq centimètres. Mon corps avait dit stop. Il ne me laissait plus le choix. Ce qui a suivi a été un long arrêt de travail, huit mois pour me remettre partiellement, avec des séances hebdomadaires de kinésithérapie, d’ostéopathie et de magnétisme.

Apprendre à s'écouter

Pourquoi vous raconter tout cela ? Parce que revoir mon amie ce week-end m’a rappelé à quel point nous pouvons être têtues, aveugles, et persuadées que nos maux sont superficiels et vont passer. Mais ils ne passent pas. Si nous n’y prêtons pas attention, ils s’aggravent. Michel Odoul a écrit de nombreux ouvrages sur le fait que notre corps nous parle à travers nos maux. Cependant, nous faisons souvent taire ces signaux. Nous refusons de nous poser les bonnes questions, d’aller voir ce qui se cache derrière ces douleurs.

Vous pourriez dire que c’est parce que j’avais trop travaillé. C’est vrai. Mais pourquoi ai-je ignoré les signaux de mon propre corps ? Souvent, cela cache des blessures plus profondes. Selon Michel Odoul, les maux sont des messages de notre être intérieur. Ils nous indiquent qu’un changement est nécessaire, qu’une voie différente s’impose pour nous. Mais souvent, nous refusons d’écouter.

Les signes que nous ignorons

Nous voyons souvent ces messages comme des obstacles à notre routine. Pourtant, ce sont des signaux d’alerte. Des signaux qui nous indiquent que nous sommes sur la mauvaise route. Mais nous persistons, nous refusons de remettre en question ce que nous avons construit, nous ne prenons pas le temps de réfléchir. Et alors, nous courons, tête baissée, sans vision claire.

Il est également frappant de constater que ce que nous nous imposons, nous ne l’imposons pas aux autres. Nous excusons les autres pour des choses que nous nous interdisons à nous-mêmes. Pourquoi sommes-nous bienveillants avec les autres, mais pas avec nous-mêmes ? C’est une question cruciale à se poser.

Les bonnes actions à mettre en place

our éviter de vous retrouver dans une situation similaire, voici quelques actions que chacun de nous pourrait, ou devrait, mettre en place :

  • Devenir bienveillant avec soi-même.
  • Se placer au même niveau que les autres. Ce que vous acceptez des autres, acceptez-le aussi de vous-même.
  • Programmer des zones de repos dans votre emploi du temps. Planifiez des pauses et ne les laissez pas tomber.
  • Si la douleur est déjà présente, écoutez votre corps. Arrêtez-vous, même si cela vous semble impossible. Trois jours de repos pourraient vous éviter un arrêt de plusieurs mois.
  • Trouvez des solutions pour éviter l’épuisement.
  • Apprenez à écouter les signaux d’alerte. Prenez du recul dès que vous les sentez arriver.

En espérant que ce partage d’expérience vous aidera à prendre conscience de l’importance d’écouter votre corps avant qu’il ne soit trop tard. Car, comme le dit Michel Odoul, notre corps parle. Il faut apprendre à l’écouter.

Auteur/autrice

florence@physiobell.fr

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